Le traité le plus célèbre sur Narcisse est celui d'Ovide, qui raconte ses aventures dans les Métamorphoses. Narcisse était connu pour sa beauté improbable et ne vivait que pour la chasse. Bien que de nombreuses femmes en soient tombées amoureuses, il n'a jamais été en mesure de répondre à cet engouement. Il les rejetait cruellement l'une après l'autre. L'un de ces rejets le conduisit finalement à sa propre perte. Une jeune femme affligée pria les dieux de permettre à Narcisse d'expérimenter lui-même ce que c'est que d'aimer quelqu'un qui ne lui rend pas la pareille. Narcisse arriva alors au bord un bel étang à l'eau cristalline, où il décida de se reposer un moment. Alors qu'il se penchait à la surface pour boire un peu d'eau, il vit son reflet dans l'eau. Croyant voir un bel esprit vivant directement sous la surface de l'eau, il tomba amoureux de son propre reflet.

Essayant d'embrasser l'apparition, il approcha ses lèvres de l'eau. En quête d'une étreinte, il tendit les bras. L'image s'est enfuie, mais elle est revenue lorsque l'eau s'est calmée et a de nouveau attiré son attention. Il ne pouvait plus se résoudre à détourner son regard de l'eau, oubliant de manger, de boire et de se reposer. Il essaya de lui parler, mais ne reçut aucune réponse. Il pleura, mais ses larmes troublèrent l'image. Il se mit alors à crier, demandant à l'apparition de cesser de le quitter continuellement. Cela dura longtemps et Narcisse dépérit. Il perdit ses couleurs, sa vitalité et sa beauté. Enfin, il se dessécha complètement et mourut. Les nymphes des eaux le pleurèrent et préparèrent l’incinération de son corps, mais le corps de Narcisse était introuvable. Tout ce qui restait de lui était une fleur au bord de l'eau, sa tête jaune penchée vers l'eau. La jonquille nous rappelle toujours Narcisse qui se morfond dans l'inaccessibilité d'un amour non partagé.

Connue sous le nom de Narcisse, cette sculpture a été modelée par Vincenzo Gemito (1852-1929) d'après l'original de Pompéi, redécouvert lors des fouilles de la Casa Narcisso en 1862. À l'époque, la sculpture a été identifiée comme Narcisse et est restée connue sous ce nom depuis lors. Gemito a réalisé plusieurs versions de la statue, dont certaines avec le texte gravé "Narcisse". Cependant, on peut se demander si ce personnage est réellement censé représenter Narcisse. Les raisins dans ses cheveux, la chèvre écorchée autour de ses épaules et la pose du personnage rappellent davantage Bacchus donnant des raisins à la panthère. Dans l'Antiquité romaine, Bacchus était déjà représenté de cette manière.

Vincenzo Gemito a été abandonné alors qu'il était bébé, puis adopté. Dès son plus jeune âge, son talent artistique s'exprime et il suit les cours de l'Académie des beaux-arts de Naples. À l'âge de 17 ans, il expose sa première sculpture, qui fait immédiatement sensation. Sa sculpture se distingue par son réalisme et son naturalisme et rompt avec la tradition académique. L'œuvre est achetée par le roi. Dans les années 1870, Gemito s'installe à Paris où, là aussi, son style naturaliste est salué.

Les découvertes successives à Pompéi ont provoqué un grand intérêt auprès des visiteurs et beaucoup voulaient un morceau de Pompéi dans leur maison. C'est ainsi qu'est né un flot de copies de statues et de vases romains issus des fouilles. La demande de souvenirs a conduit à une production de masse de souvenirs de luxe, d'une part et à un intérêt accru pour les artistes qui ont redécouvert des statues de l'antiquité romaine au cours de cette période, d'autre part.
La statue décrite ici appartient à cette dernière catégorie et se distingue des statues produites en série par sa composition, son exécution très détaillée, comme la ciselure, et la méthode de production, qui signifie que chaque statue individuelle a dû être traitée avec beaucoup de soin et de savoir-faire. Qqquelques petites taches sont visibles sur la peau de la sculpture, montrant la façon dont l'artisan a procédé à la finition. Il s'agit de petites imperfections scellées dans la matière et de cicatrices qui donnent un petit aperçu du processus de moulage.