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Ulrich Loth (avant 1599-1662)



Ulrich Loth (avant 1599-1662)

Cette peinture de la pénitente Marie-Madeleine, récemment redécouverte, est un ajout important à l'œuvre de l'artiste allemand Ulrich Loth. Les œuvres d'Ulrich Loth sont rares et n'apparaissent que très sporadiquement sur le marché. Son œuvre décrite comprend 92 peintures, dont 48 sont considérées comme perdues ou cachées avec un lieu inconnu. C'est dans cette dernière liste que ce tableau peut être ajouté à l'œuvre particulièrement réduite d'Ulrich Loth.

Marie-Madeleine, vêtue d'une robe rouge et blanche, est agenouillée devant un rocher, les mains en position de prière, le regard dirigé vers le haut. Devant elle se trouvent un livre ouvert, un crâne, derrière lui un faisceau de branches en guise de fléau, une croix et un pot d'onguent. Derrière elle, à droite, on voit la tête d'un démon.

Marie-Madeleine était un sujet de prédilection dans l'art des XVIème et XVII ème siècles, souvent mis en avant par l'Église catholique en particulier. Femme pécheresse, elle a fini par devenir un apôtre du Christ et a été canonisée par l'Église. Elle a ainsi fourni l'exemple ultime de l'idée qu'il n'est jamais trop tard pour se repentir et faire pénitence pour ses péchés. C'est par la pénitence et le repentir que Marie-Madeleine a retrouvé le droit chemin après avoir renoncé à ses richesses. L'Église a donc utilisé son imagination et son histoire pour montrer que la pénitence était payante et pour persuader les croyants de donner leurs richesses à l'Église.

D'un point de vue iconographique, la représentation du démon à côté de Marie-Madeleine, associée au pot d'onction et au livre, est frappante. En fait, selon la Bible, ces attributs renvoient à des personnages distincts qui, dans les premiers temps de l'Église catholique, n'en formaient plus qu'un. Selon cette conception catholique occidentale traditionnelle, trois personnages féminins du Nouveau Testament sont identifiés comme une seule et même personne : Marie-Madeleine, Marie, la sœur de Marthe et de Lazare, qui aurait également été appelée Madeleine mais qui est aujourd'hui connue sous le nom de Marie de Béthanie, ainsi que la femme pécheresse anonyme de Luc 7 qui oint les pieds de Jésus avec une huile de grande valeur. Cette dernière est également la raison pour laquelle on suppose aujourd'hui que Marie-Madeleine était une prostituée, en tant que femme pécheresse jouissant d’une mauvaise réputation.

Bien que le tableau ne soit pas signé, l'auteur de l'œuvre a pu être trouvé avec certitude auprès du peintre sud-allemand Ulrich Loth (avant 1599-1662), l'un des principaux artistes de Munich au XVIIème siècle. Il fut l'élève de Pierre Candid (Pierre le Blanc 1548-1628) et devint plus tard le peintre de la cour de Maximilien de Bavière.
Son séjour de quatre ans en Italie entre 1619 et 1623, qui constituait la dernière partie de son apprentissage, a été d'une grande importance. Loth retourna ensuite dans son pays d'origine et devint le premier disciple allemand du Caravage. Bien qu'il soit aujourd'hui relativement méconnu, il a donné un tournant clair au maniérisme en Allemagne à l'époque. Loth était un peintre actif qui, après avoir quitté son poste de peintre de la cour en 1629, a reçu de nombreuses commandes des églises, du marché libre et de la cour qui ne l'avait pas oublié. Ses dernières œuvres sont influencées par Rubens, ce qui montre qu'il continue à suivre la mode en Europe.

Dans La Marie-Madeleine pénitente, l'influence du Caravage est évidente, comme dans l'arrière-plan avec sa lumière tranchante, et dans la posture voûtée prononcée de la Madeleine avec l'épaule nue en perspective raccourcie.

Ulrich Loth a peint presque la même composition en 1630. Ce tableau, aujourd'hui conservé aux Bayerische Staatgemäldesammlungen de Munich, lui a été commandé par un couple de nobles bavarois, comme l'atteste leur blason familial peint dans le coin supérieur de la toile. On ne sait pas si le tableau présenté ici a été réalisé avant ou après. On sait en revanche que Loth a plus souvent choisi la Marie-Madeleine pénitente comme sujet, tout comme le Caravage par ailleurs.  

Le château de Schleiβheim a dû regorger d'œuvres du peintre de la cour Ulrich Loth, mais beaucoup de ses œuvres ont disparu du château avant 1760.  Les inventaires du château de 1748 et 1765 montrent qu'il y avait au moins deux œuvres de Loth portant sur ce même sujet.
Bien que les dimensions indiquées ne correspondent pas, le tableau dont il est question ici peut probablement encore être reconnu dans celui décrit sous le numéro d'inventaire A 748/1 en 1748 et sous le numéro A 751/1 en 1765. En effet, les dimensions indiquées de 134 x 103 cm indiquent un écart de 11 à 12 cm sur tout le pourtour, ce qui laisse de la place pour un cadre de 5,5 à 6 cm. Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, il n'était pas rare à l'époque de mentionner les dimensions des tableaux avec leur cadre. Dans le catalogue de l'œuvre de Loth, où « Die Büssende Magdalena » du Schloss Schleiβheim est mentionné dans une liste d'œuvres dont la localisation est inconnue, il est écrit que le tableau était présent au château avant 1748 et qu'il a été repéré pour la dernière fois en 1751, ce qui permet d'identifier à nouveau ce tableau pour la première fois aujourd'hui, plus de 250 ans plus tard.

Littérature:
Ulrich Loth; Zwischen Caravaggio und Rubens, Exh. cat. Alte Pinakothek München 2008, p.118,119, p.287

 

Ulrich Loth (avant 1599-1662)
Prix sur demande
Provenance
Château de Schleiβheim avant 1748-1751 (voir Verlorene oder verschollene Gemälde p. 287)
Collection privée, Allemagne
Période
ca. 1630
Matériaux
huile sur toile
Dimensions
92 x 122 cm

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