Cette peinture nous montre le moment décisif qui est la cause immédiate de la guerre de Troie. La scène se déroule lors du mariage du roi Pélée avec la belle néréide Thétis. Zeus avait invité tous les dieux à l'Olympe pour la fête, mais pour éviter la discorde, il avait seulement exclu la contestataire Eris des festivités. Naturellement, celle-ci n'a pas apprécié et a perturbé le festin en déposant sur la table une boule d'or portant l'inscription « Pour les plus beaux ». Cela déclencha une dispute entre Héra, Athéna et Aphrodite, qui pensaient toutes trois que la boule devait leur revenir. Zeus n'osa pas se brûler les mains et envoya le trio vers Pâris pour qu'il rende un jugement. Hermès présenta le problème à Pâris, qui accepta la tâche. Les trois déesses tentent de convaincre le jeune Pâris de la choisir. Héra, déesse du pouvoir, lui promet les plus grandes richesses et la domination de toute l'Asie. Athéna, déesse de la sagesse, lui promet la plus grande gloire martiale et la capacité de la plus profonde sagesse. Aphrodite, déesse de l'amour, tente de l'apaiser en le présentant comme le plus bel homme de toute la Phrygie. Elle lui promet donc l'amour et la conquête d'Hélène, la plus belle femme du monde, qui est aussi l'épouse du roi spartiate Ménélas. Cela convainquit Pâris, qui donna la boule d'or à Aphrodite, laissant Athéna et Héra dans l'amertume.

Lorsque Pâris se rendit ensuite à Sparte, la promesse d’Aphrodite se réalisa, ce qui fit en sorte qu'Hélène tomba instantanément amoureuse de Pâris et quitta son mari pour le prince troyen. Lorsque Ménélas apprend ce qui s'est passé, il entre dans une colère noire et, avec l'aide de son frère Agamemnon, part pour Troie avec 1 000 navires afin de récupérer sa femme. C'est le début de la guerre de Troie.

Alessandro Rosi est un artiste italien de la période baroque. Il a été formé dans les ateliers de Jacopo Vignali et de Cesare Dandini. Il semble qu'il ait fait un voyage d'étude à Rome, où il a vu les œuvres de Simon Vouet et de Giovanni Lanfranco. Son biographe Baldinucci le décrit comme ayant le tempérament extravagant d'un artiste. Rosi a bénéficié du patronage de certaines des plus importantes familles florentines de l'époque, comme les Corsini ou les Rinuccini, pour lesquelles il a réalisé de grands projets décoratifs. Il a également créé une série de dix dessins pour des tapisseries commandées par Cosimo III de Médicis, grand-duc de Toscane. Son principal élève fut Alessandro Gherardini. Il mourut à l'âge de 70 ans après avoir été heurté par la chute d'une colonne alors qu'il marchait le long de la Via Condotta à Florence. Malheureusement, on ne sait pas grand-chose de sa vie. Auparavant, son œuvre était souvent confondue avec celle d'autres artistes, tels que Sigismondo Coccapini, et ces dernières années, après des siècles d'oubli, elle a fait l'objet d'une réévaluation de la part des critiques.

Il n'était pas rare qu'Alessandro Rosi peigne plusieurs versions d'une même composition. Par exemple, il a représenté le Jugement de Pâris à plusieurs reprises, et il existe plusieurs versions de la composition dont il est question ici. Par exemple, une toile similaire se trouvait dans la collection Wildenstein à New York et a été vendue aux enchères chez Sotheby's New York en 2013. La toile de Wildenstein est très similaire, mais diffère par certains détails, tels que l'emplacement de la corne d’abondance et l'absence de la flûte à bec à l'avant gauche. L'arrière-plan est également rempli différemment. Une version très similaire de ce tableau se trouve à la Staatsgalerie de Stuttgart. Seules des différences mineures peuvent être relevées ici, notamment dans le détail des perles dans les cheveux d'Héra en haut à gauche, ainsi que quelques brindilles à l'arrière-plan. Ce qui particulier dans le tableau considéré ici, c'est l'élaboration détaillée des visages des trois déesses en haut à gauche et dans la partie supérieure.