Ce tableau nous montre un artiste au travail dans son atelier. Sur le chevalet à côté de lui se trouve la peinture inachevée d'une jeune femme tenant des colombes, derrière laquelle se trouve une image d'Erato, l'une des neuf muses. Erato est la muse de l'hymne, du chant, du poème lyrique et du poème d'amour. L'artiste, qui regarde au-delà du spectateur, est entouré d'attributs de peintre et travaille sur une feuille de papier placée sur son chevalet portable posé sur la table. À sa gauche, on aperçoit par la fenêtre une vue de la ville de Munich, clairement reconnaissable aux doubles tours de la Frauenkirche et à droite la silhouette de l'église Saint-Luc.

Sous la fenêtre, derrière le coude de l'homme, le tableau est signé : B. Rausch ipse fecit 1834. Il s'agit d'un autoportrait de Bernhard Peter von Rausch (1793-1865), ipse fecit signifiant : il l'a fait lui-même.

Von Rausch est né à Oettingen, quatrième d'une famille de sept enfants, s'est inscrit comme apprenti peintre d'histoire à l'Académie des beaux-arts de Munich à l'âge de 18 ans. Il a également suivi une formation de lithographe. Il a ainsi pu transférer sur pierre les portraits qu'il commandait à cette époque à Munich pour les reproduire. En 1825, il s'installe pour la première fois à Francfort-sur-le-Main, où il est submergé de commandes de portraits. Cependant, il ne s'installa définitivement à Francfort qu'en 1840, après son voyage en Italie.

Le tableau provient des descendants de la poétesse Joséphine Holzmärker Gerbode. Selon la tradition, elle l'aurait reçu en cadeau. Compte tenu des références à la poésie et à l'amour, sous la forme de la muse Erato et de l'image de la jeune femme avec des pigeons sur le chevalet, il n'est pas impossible que Joséphine ait reçu le tableau de l'artiste lui-même et qu'il lui ait été adressé personnellement. Malheureusement, on ne sait rien d'autre sur le lien entre les deux contemporains.

Le tableau se trouve dans son cadre original en bois doré avec un décor prononcé de feuilles de palmier nouées et de feuilles d'acanthe alternées. La conception de ce cadre peut être attribuée à Leo von Klenze (1784-1864). Von Klenze était l'architecte de la cour de Louis Ier de Bavière et compte parmi les architectes les plus éminents du néoclassicisme. De 1830 à 1836, il a modernisé et uniformisé les encadrements pour l'Alte Pinakothek de Munich.