Le tissage, brodé selon la technique italienne de la bandera, se compose d'un certain nombre de représentations réparties en lignes irrégulières sur la surface, comme des îlots, sans lien les unes avec les autres. L'espace entre les représentations est rempli de branches de feuilles et de fleurs, d'insectes et d'oiseaux. La rangée du bas montre des plantes, des fleurs et quelques animaux : un serpent, un oiseau et un poisson.

Au-dessus, à gauche, se trouve une scène représentant un loup et un lion assis. À côté, un homme agenouillé, coiffé d'un turban, tient une fleur dans sa main gauche. À droite, on voit un homme et une femme sous un parasol près d'un arbre avec des fruits
La rangée supérieure montre, de gauche à droite, un arbre avec un loup et, en dessous, un homme assis coiffé d'un turban. À côté de l'homme, une balustrade basse sur laquelle se trouve une plante qu'il saisit. Au centre, une femme assise avec une auréole en forme de lotus assise avec ses bras écartés. Au-dessus d'elle, une grue vole. À droite, un homme tenant un cerf devant un arbre conclut cette première rangée de représentations. À gauche et à droite, une large bande de laine aux motifs géométriques encadre l'ensemble des représentations.

La broderie bandera se caractérise par des points libres, réalisés sur un tissu spécial appelé tissu bandera, utilisé dans les cours piémontaises au XVIIIème siècle. La broderie est principalement réalisée au point de tige et ses variantes, mais certaines parties peuvent également être réalisées au point lâche ou au point plat.
Les sujets traditionnels de la broderie bandera sont des compositions florales, en particulier des tulipes, généralement entourées d’un encadrement. En effet, ce type de broderie était principalement utilisé pour décorer les couvre-lits, les housses de chaises et d'autres éléments d'ameublement dans les demeures seigneuriales.
Les tissus Bandera ont été ornés de broderies dès le début du XVIIIème siècle, à l'époque où la deuxième dame royale, Maria Giovanna Battista de Savoie-Nemours, est montée sur le trône après la mort de son mari Carlo Emanuele II. Les origines de ce type de broderie semblent toutefois plus anciennes : en effet, des points et des sujets similaires étaient depuis longtemps répandus dans l'art anatolien et semblent avoir été importés au Piémont à l'époque d'Anne de Chypre, au XVème siècle. La bandera s'est surtout répandue dans la partie occidentale du Piémont, entre les régions de Turin, Cuneo et Chierese, mais aussi dans la région d'Asti et d'Alessandria. Son évolution se traduit par le recouvrement et l'embellissement de meubles et de tissus d'ameublement, parfois même de murs, recouverts d'étoffes.

Au XIXème siècle, la broderie bandera s'est répandue dans l'aristocratie turinoise et les premières écoles et ateliers se sont multipliés, principalement grâce aux efforts de Sofia Cacherano di Bricherasio, qui a apporté ce type de broderie à l'exposition universelle de Milan en 1906.
Une broderie stylistiquement similaire se trouve dans la Sala Bandera du Museo di Arti Decorative Accorsi Ometto de Turin.