Cet artiste hollandais au nom français est relativement méconnue.
Les dictionnaires d’art le mentionnent brièvement comme dessinateur de quelques peintures connues. Seuls Van Eynden et Van der Willigen, au début du XIXe siècle, se sont étendus sur la carrière de l’artiste.
En 1970 le Rijksmuseum à Amsterdam le mentionne dans une exposition sur les artistes qui ont fait le voyage d’Italie.
Après cette exposition un important portefeuille d’ études académiques par Jean Grandjean a été découvert.
Le directeur de la “Rijksprentenkabinet” J.W.Niemeijer publie cet album de dessins en 1974.
Jean Grandjean est,contrairement à son nom français, né à Amsterdam en 1752. Son père était descendant de réfugiés huguenots français. Il fut l’élève du dessinateur topographique Jacobus Verstegen et ensuite de l’émailleur de Groot. Mais la décoration ne lui plaisait pas.
À l’été de 1772, il commence ses études de peintre dans l’atelier de Jurriaan Andriessen (1742-1819). Ce peintre était connu pour ses talents pédagogiques. Un grand nombre de peintres ont commencé leur carrière dans son atelier; son frère Anthony Andriessen (1768-1813), son fils Christiaan, Hermanus Numan, et Daniël Dupré furent quelques uns d’entre eux. Jean a été formé pour peindre des paysages arcadien et des motifs de papier peint. Jurriaan Andriessen lui a également donné des cours de dessin à l’Académie d’Amsterdam où Jean s’était inscrit en 1771. Peu de temps après il emporte trois fois le prix d’honneur. Il était très ambitieux et voulait devenir peintre d’histoire. Le mouvement néoclassique sous l’influence de Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) a eu une influence majeure sur la théorie de l’art et le développement du goût en Hollande dans les années 1760 et 70. Les conférences à l’Académie d’Amsterdam avaient souvent des thèmes classiques comme sujet. L’art de la Grèce antique était particulièrement en vogue. En 1777 Jean Grandjean participa à la fondation de la Société des artistes Félix Meritis.
Les collectionneurs Jan Tersteeg (1750-1808) et Dirk Versteeg (1751-1822) encouragent Jean Grandjean à peindre des tableaux historiques pour leurs collections d’art. Grâce à leur aide financière et à celle des autres collectionneurs il peut se rendre à Rome. Il arrive dans la ville éternelle à l’été 1779. Il reprend sa pratique du dessin d’après le modèle vivant dansau sein du « Trippelsche Akademie », l’institut qui porte le nom du sculpteur Alexander Trippel (1744-1793)
À Rome sous l’influence de ses collègues pour la plupart Allemands, comme Wilhelm Tischbein (1751-1829) et Franz Kobell (1749-1822) son dessin se développe vers un style plus international. Sa mort subite, en novembre 1781, a privé la Hollande d’un artiste qui aurait pu devenir son plus grand représentant du néo-classicisme.
L’importance du voyage de Jean-Grandjean à Rome ne doit pas être sous-estimée. Il fut le premier Néerlandais depuis plus de 50 ans qui a voyagé en Italie après que le pape Clément XI ait interdit la société des peintres hollandais à Rome en 1720. Beaucoup d’autres ont suivi les traces de Jean Grandjean, parmi eux Daniel Dupré (1751-1817) et Hendrik Voogd (1768-1839) et au début du XIX siècle Flavius Josèphe Knip (1777-1847). Le portrait de Jean Grandjean se trouve dans le salon de Félix Meritis.
Célébration du printemps
Ce tableau d’une fête célébrant le printemps dans un paysage arcadien avec la déesse Cérès, un jeune Bacchus, des nymphes et des faunes est un exemple typique de l’œuvre de Jean Grandjean avant son voyage à Rome.
Le thème, la composition, style et les couleurs rappellent les tableaux de son professeur Jurriaan Andriessen. La description de ce tableau dans un catalogue de vente aux enchères de 1808 en explique le thème.
Le paysage dans lequel le jeune Bacchus et Cérès célèbrent leur fête s’appelle Enna. Dans la mythologie grecque c’est la ville capitale de la Sicile, célèbre pour son culte de Démeter.
Démeter, aussi connue que Cérès, est la scoeur de Zeus. Leur fille Perséphone, est la vierge du printemps. Son oncle Pluton (Hadès) la remarqua pour sa beauté et décide de l’enlever alors qu’elle cueille des fleurs. Elle est retenue aux enfers.
Elle pousse au moment du rapt, un cri tel qu’il est entendu de sa mère Cérès. La source Aréthuse lui révèle le nom du ravisseur et demande justice à Zeus. Zeus trouve un compromis pour satisfaire les deux dieux Pluton et Cérès.
Perséphone passera six mois de l’année chez Pluton (Hadès) et six mois chez sa mère Cérès (Demeter). Ainsi les Anciens expliquent le cycle des saisons : les six mois chez Pluton(Hadès) symbolisaient l’automne et l’hiver, et les six mois chez sa mère Cérès(Demeter), le printemps et l’été. Ce tableau de Jean Grandjean montre le retour de Perséphoné dans le monde supérieur où elle est accueillie par sa mère Cérès.
Exposition:
Comme l’indique une étiquette au dos, ce tableau a été exposé à Bruxelles en 1939.
Litterature:
R. van Eynden and A. van der Willigen, Geschiedenis der Vaderlandsche Schilderkunst, 3 volumes and supplement, Haarlem, 1816-1840, part 2, pp. 376-388.
Ontmoetingen met Italië, exhib.cat. Rijksmuseum, Amsterdam, 1971.
J.W. Niemeijer, ‘Academies and other figure studies from Jean Grandjean’s Roman period’, Master Drawings XII (1974), pp. 351-358.
J.W. Niemeijer with the assistance of R.J.A. te Rijdt, Eighteenth-century watercolors from the Rijksmuseum Printroom, Amsterdam, Alexandria Art Services International, 1993, cat. no. 22, p. 56, 57.